PIERRE THÉROUX
Collaboration spéciale
Luc Delangis se croise les doigts. Alors que le Québec et un grand nombre d’entreprises font face à une sérieuse pénurie de main-d’oeuvre, Entreprises Bourget ne manque pas de travailleurs et ne doit pas non plus conjuguer avec d’importants problèmes de roulement de personnel.
«On s’en tire très bien. On a même des employés qui comptent plusieurs décennies d’ancienneté», souligne le président de cette entreprise familiale de Saint-Paul, près de Joliette dans la région de Lanaudière, qui se spécialise dans l’entretien des routes un peu partout au Québec.
L’entreprise familiale, qui célébrera son 60e anniversaire l’an prochain, s’est toutefois assurée de mettre toutes les chances de son côté. Elle a en effet adopté une politique de rémunération qui, selon les postes, propose à sa cinquantaine d’employés des salaires sensiblement supérieurs à ceux offerts dans l’industrie, en général, et plus particulièrement par la concurrence. Outre la bonification des salaires, l’entreprise leur offre également un programme avantageux d’assurances collectives qui comprend notamment le paiement des franchises de soins dentaires.
Jeux vidéos et déjeuners compris
La PME mise aussi sur un environnement de travail sécuritaire et agréable. Elle favorise notamment la conciliation travail-famille en maintenant des horaires de travail les plus souples possible. Il arrive même à Luc Delangis de prendre lui-même le volant d’un de ses gros 10 roues pour remplacer des employés qui doivent s’absenter.
«Ça me permet aussi de rester sur le terrain et bien au fait de la réalité que vivent les employés», précise M. Delangis qui a également mis en place un style de gestion participatif qui permet aux employés de prendre part activement à la mise en œuvre des orientations et à la vision de développement et de croissance de l’entreprise.
Les employés ont d’ailleurs été invités à participer à la conception des espaces qui leur seront dédiés dans les nouvelles installations actuellement en construction, et ayant nécessité des investissements de 5 M$, qui devraient être complétées au début de 2022. « On veut s’assurer que ça réponde à leurs besoins et à leurs attentes», explique-t-il.
Outre l’agrandissement de l’usine et des bureaux administratifs, et l’ajout d’équipements automatisés, le futur bâtiment englobera des espaces de repos et de loisirs confortablement meublés qui amélioreront encore davantage leur bien-être au travail: salle de détente et coin lecture avec accès au Web, jeux vidéos, tables de billard et aire de restauration. La journée de travail commencera même avec des petits déjeuners offerts gratuitement.
Des camions neufs
L’entreprise a également investi ces dernières années dans le renouvellement de son parc d’équipements roulants, qui compte une vingtaine de camions-citernes, camions lourds et tracteurs de remorques, afin d’offrir à ses employés de meilleurs outils de travail.
Entreprises Bourget a été fondée en 1962. Mais son histoire remonte à 1929, lors de la création de la compagnie de transport Delangis par l’arrière grand-père de Luc Delangis qui a joint l’entreprise familiale en 1991 après l’obtention d’un baccalauréat en administration à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il a succédé à son père en 2008, en y apportant quelques changements au fil des ans.
L’entreprise a en effet laissé tomber certaines activités, comme les usines d’asphalte et de béton, et mis l’emphase dans d’autres domaines comme la fabrication d’émulsions de bitume utilisées pour le pavage d’asphalte. Elle se spécialise également dans la production de traitement de surface, ce revêtement de route fabriqué à partir d’émulsions de bitume et de granulats concassés, ainsi que dans la distribution d’abat-poussière qui permet de garder humide le sol des routes non pavées. Outre son complexe industriel établi dans la région de Lanaudière, Bourget possède des dépôts en Estrie, en Outaouais, et dans le Centre-du-Québec.
Trois questions à Luc Delangis
1) Si vous étiez en politique, quel enjeu retiendrait votre attention prioritairement – et comment le résoudre?
«Je changerais la politique du plus bas soumissionnaire. Ça permettrait notamment de favoriser l’achat local, surtout quand il faut rivaliser avec des concurrents étrangers qui peuvent faire des soumissions à des prix plus bas», répond Luc Delangis qui en profiterait aussi pour réduire le déficit d’entretien du réseau routier au Québec, «dont 50 % seulement est en bon état».
2) Quel souvenir souhaitez-vous laisser de votre parcours d’entrepreneur?
«D’avoir pu promouvoir l’innovation et la croissance dans le respect des valeurs familiales et corporatives, en prêtant une attention constante au bien-être des employés et à la qualité de leur environnement de travail».
3) Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneur, comme dirigeant?
«Gérer la croissance par l’innovation continue et la satisfaction du client, tout en me faisant défenseur de l’achat de produits locaux pour une économie locale plus forte».
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce et le Groupement des chefs d’entreprise
Source: Le Nouvelliste Numérique